L’entre soi et les autres...
La notion
d’entre soi désigne des groupes familiaux qui
appartiennent à une même communauté. Elle sous-entend l’exclusion
des autres . Le but de l'entre-soi est à la fois social, politique,
mais aussi économique. Ces communautés d’intérêts pratiquent le
rejet qui souvent se traduit par le bannissement des
''non-appartenants'', surtout à l'égard de ceux qui s'avèrent un
peu trop vindicatifs ou revendicatifs.
Le Polo-club de Bagatelle ou le bal des débutantes sont les plus
célèbres ''
entre soi'' du pays, les plus huppés, les plus
friqués, réservés aux grands bourgeois détenteurs du réel
pouvoir de la France, ils s'y rencontrent et se reproduisent
entre-eux au sein d'institutions très fermées.
Il existe aussi d' autres types d' ''
entre soi'', notamment
rural, mais aussi de type rurbain, c'est le cas de Soultz les Bains,
particulièrement dénué de toute éthique.
On y nourrit un sentiment d’appartenance à travers des rituels
spécifiques.
La cérémonie des vœux est à ce titre le plus emblématique de
l'entre-soi local. On n'y invite pas les indésirables mais on y
flatte les ''récupérables'' en les invitant.
Pénétrer les coulisses où s'entretient l'
entre soi c'est
d’abord découvrir à quel point les espaces communaux sont
occupés. L’entre soi y est en effet activement défendu,
quelquefois même avec des méthodes plus ou moins douteuses : jouir
de multiples avantages et privilèges, bénéficier de menus services
en tout genre, garder la main-mise sur le tissu associatif, tel que
le club féminin, les structures d' animations culturelles, les clubs
sportifs et de loisirs des aînés, voire le don du sang.
Mais l’
entre soi est aussi un moyen qui permet le
contrôle des affaires communales dans lequel se maintiennent les
alliances politiques locales. L'enjeu du peuplement de la commune est
devenu majeur, porté par les édiles municipaux, cette question est
au cœur des politiques menées dans des zones périurbaines.
L'
entre soi, apparaît comme une barrière à la mixité
sociale, politique et ethnique. À travers ses actions concertées se
font les choix des catégories de populations désirables et
indésirables, et les proportions dans lesquelles elles doivent
s’établir. En périphérie du clan de souche, la préservation de
l’entre soi apparaît donc aussi comme une entreprise où l'on va
définir la place des autres, et de qui seront les autres. Cela sera
d'autant plus ou moins prononcé selon la personnalité du Maire,
seul maître aux manettes du fief, au service exclusif de l'
entre
soi par lequel il a été désigné, pour lequel il milite et
dont il est issu.
Les exclus de la vie villageoise ne se limitent pas aux pauvres ou
aux arabes. Sont également écartés, de façon très peu subtile
d'ailleurs, tout ceux qui s'opposent d'une manière ou d'une autre à
un quelconque intérêt dédié aux indigènes.
L'auteur des abus de pouvoir, qui dans ces conditions ne peut
supporter un zeste de ''démocratie'', est au moment des élections,
toujours inquiet de voir s'échapper son
entre soi, si
indispensable au gens ''de biens''. On aura au préalable tout
d'abord mis à distance tous les opposants, par tous les moyens si
cela est nécessaire, puis avec des méthodes appropriées, on aura
su ''convaincre'' d'un extrême à l'autre de l'échiquier
politique, tous les récalcitrants ainsi que les têtes de bois les
plus rebelles, en faisant des pressions menaçantes, en abusant de la
faiblesse des uns, voire en usant de séduction chez les autres.
Il n'y a plus de tas de fumier visibles devant nos fermes. Ces
derniers ont pris une toute autre forme et sont pourtant bien
présents , beaucoup plus nauséabonds et dangereux que par le
passé, bien qu'ils soient virtuels et invisibles au commun des
mortels.
Alain ROTH